Carlos Ferreira, clarinettiste 

Arrivé à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo en février 2017, le clarinettiste portugais Carlos Ferreira n’est âgé que de 23 ans. Précoce et talentueux, ses débuts dans la vie ne furent pourtant pas semés de roses… Portrait d’un musicien heureux.

 

D.R.

« Résilient » : l’adjectif à la mode a tendance à être utilisé de nos jours à tous bouts de champ. Pour autant, dans le cas de Carlos Ferreira, le mot paraît vraiment approprié. Jugez plutôt.

 

Enfant adopté

 

 « Je suis né à Sao Nicolau en 1993. Mes deux parents n’avaient alors que 16 ans tous deux. Et ils étaient toxicomanes. » Le père est originaire du Cap-Vert, tandis que la mère vient d’Angola, deux pays lusitanophones… « Mes parents ont fait un choix avisé : ils avaient conscience qu’ils ne pouvaient pas s’occuper de moi et m’ont confié à l’assistance publique. » Le bébé n’est pas en bonne santé, la drogue a affaibli sa constitution. On le confie d’abord pour un mois à une nourrice qui a reçu une formation spécifique pour s’occuper des nourrissons atteints de symptômes de ce type. Cette dame, déjà elle-même mère de trois enfants, est mariée avec un ouvrier d’une fabrique de meubles. C’est une famille pauvre, mais elle se prend d’affection pour le petit Carlos et ne veut pas s’en séparer : « En fait, au début, on m’avait confié à une famille de blancs, racistes, qui m’ont rejeté. Ma nouvelle famille, blanche elle aussi, a été heureusement merveilleuse ! » Ce couple aux revenus très modestes se bat pendant des années pour obtenir l’adoption pleine et entière de Carlos : « Mes frères et sœur m’ont tout de suite adopté eux aussi ! Ce n’est qu’après huit années de combat que mes parents adoptifs ont eu gain de cause. »  Tout le quartier est au courant de l’histoire de Carlos et se mobilise en faveur du couple en témoignant de leur dévouement. Tout au long de ces années, précise le jeune homme, son père et sa mère d’adoption ne lui ont jamais caché la vérité sur ses origines : « Je n’avais pas envie de rencontrer mes géniteurs, ça me faisait peur. En fait, j’étais heureux comme ça. »

 

D.R.

La musique, une chance

 

Dès l’âge de quatre ans, Carlos Ferreira  est exposé à la musique : « J’habitais un village où se produisait un orchestre d’harmonie. Un de mes frères jouait de la trompette, l’autre des percussions. » L’enfant commence par faire du solfège, puis finit par choisir la clarinette à l’âge de six ans : « J’étais attiré par cet instrument à bois, je le trouvais beau. » La pratique de l’instrument devient vite une passion, le jeune Carlos s’entraîne plusieurs heures par jour. Le jeune chef de l’orchestre d’harmonie où joue Carlos, José Ricardo, est un clarinettiste passionné. Il convainc les parents des dispositions particulières de leur enfant. Carlos intègre à 9 ans une école située à plusieurs kilomètres de son village : « J’y ai étudié jusqu’à 17 ans. Je faisais le trajet tous les jours, on travaillait la musique jusqu’à 20 heures. » Un travail acharné qui permet au jeune homme d’intégrer le Conservatoire Supérieur de Porto, où il reçoit l’enseignement d’excellence de Nuno Pinto. Elève doué, Carlo Ferreira s’envole bientôt vers Madrid, où il étudie cette fois avec un grand professeur français, Michel Arrignon. Les choses s’enchaînent et le clarinettiste intègre l’Académie du Concertgebouw d’Amsterdam : « Un lieu fantastique ! C’est là que j’ai appris à préparer des auditions de manière efficace. On vous y apprend à gérer le trac, à vous entraîner mentalement. Arno Piters, merveilleux clarinettiste m’a prodigué ses conseils.»

 

L’OPMC

 

Effectivement, cette formation a semble-t-il été efficace puisqu’un an plus tard, Carlos Ferreira remporte le concours d’entrée à l’OPMC : « Au début, nous étions 75 candidats…» Le jeune homme exulte quand il est choisi, lui qui avait découvert Monaco dans un film de James Bond ! Il est aussi conscient de l’excellence de cet orchestre international, qui reçoit les plus grands solistes du monde entier. « C’est un orchestre où l’on progresse, où l’on est porté… »

Quelques temps avant d’arriver à Monaco, le jeune instrumentiste s’était fait voler dans le coffre d’une voiture de Porto ses deux clarinettes : « C’était une catastrophe ! Je n’avais pas du tout les moyens d’en racheter.» Aujourd’hui, Carlos n’a plus les mêmes inquiétudes. Il fait même en sorte d’envoyer de l’argent à sa famille restée au Portugal : « Mes parents ont un peu peur de faire le voyage jusqu’à Monaco. Je pense que je vais devoir aller les chercher moi-même ! » Des parents qui doivent, à n’en pas douter, être fiers de l’accomplissement de cet enfant qu’ils ont choisi d’élever, envers et contre tout.

Clara Laurent, D.R.

 

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