luca masala : passeur d'énergie !

D.R.

Depuis 2009, l’Académie de danse Princesse Grace est dirigée par Luca Masala, danseur émérite à la belle carrière internationale, et ancien élève lui-même de l’Académie monégasque. Portrait d’un directeur passionné.

 

 

Difficile pour Luca Masala de cacher ses origines italiennes lorsqu’il s’adresse à vous : sa voix chantante et sa chaleur toute méridionale trahissent en effet sa naissance, il y a de cela 43 années, en Sardaigne. Un jour, le jeune Luca âgé de 10 ans vient chercher sa sœur Gioia à son cours de danse. Il en profite pour observer la leçon : « J’ai adoré ! Et c’est là que j’ai voulu moi aussi commencer à danser. »

 

Milan, New York, Monaco

 

Gioia Masala est douée, si bien que sa mère l’emmène sur le continent pour étudier dans une école de Reggio Emilia. Qu’à cela ne tienne ! Luca entend les suivre dans leur aventure et entre dans la même école que Gioia : « Au bout de six mois, j’ai commencé à ne plus supporter d’essuyer les moqueries des enfants qui me traitaient de fille. Alors, j’ai voulu cesser la danse et faire du foot à la place ! » Le père du petit Luca a la bonne idée d’exiger que son fils aille lui-même expliquer cela au directeur, un grand danseur roumain : « Il m’a crié dessus, en déclarant que ce serait une honte que j’arrête, alors que j’avais beaucoup de talent. J’ai eu tellement peur de lui que j’ai cédé… » A la bonne heure ! Le père décide d’envoyer les deux jeunes talents en herbe à la prestigieuse école de la Scala de Milan : « C’était le seul lieu en Italie où l’on ne payait pas le cursus, à condition d’être choisi parmi des milliers d’enfants. »

Luca et Gioia passent ainsi quatre années à Milan, logés dans une famille d’accueil, avant de traverser l’Atlantique : « Nous avons été admis en 1985 à l’École de l’American Ballet à New York. » Pas toujours facile de se retrouver encore coupé de ses parents, sur un autre continent : « Je me souviens des factures de téléphone faramineuses que mon père payait à la fin du mois… » Au bout de deux années new-yorkaises, Gioia se voit proposer un emploi en Belgique :  « Mes parents ne voulaient pas que je reste seul à New York. Ils m’ont demandé de choisir une nouvelle école en Europe. J’ai penché pour Monaco : je me disais qu’il y avait la plage et des belles filles ! »

C’était sans compter sur la sévérité légendaire de la directrice et fondatrice de l’école, Marika Besobrasova, qui ne tolère pas les flirts chez ses étudiants. Pourtant, Luca Masala déploie déjà des talents de négociateur et obtient quelques aménagements avec la règle habituelle. Il parvient même à entretenir une bonne relation avec la directrice, jusqu’à ce moment que la pédagogue russe considéra à jamais comme une trahison : « Je suis allé voir ma sœur à Anvers l’été, et là, le directeur du Ballet m’a offert un poste rémunéré. J’avais 17 ans, j’étais fier de ne plus être une charge financière pour mes parents. » Confiant, le jeune homme appelle en tout premier Marika pour lui annoncer la bonne nouvelle : « Elle m’a insulté, m’a dit que je ne ferai plus partie de sa vie. C’était dur.»

 

Une belle carrière de danseur

 

Après donc trois années passées au Royal Ballet des Flandres, où il interprète les rôles principaux dans des ballets de Balanchine ou Béjart, Luca Masala poursuit dans les années 1990 une carrière prolifique : Ballet National de Nancy, Staats Theater Wiesbaden, Bayerisches Staatsballett à Munich où il danse notamment des chorégraphies de Jirí Kylián ou Mats Ek… On retrouve le danseur également au Kirov et à la Scala de Milan… En 2000, Luca Masala rejoint le Ballet du Capitole de Toulouse, où il interprète la plupart des rôles principaux du répertoire classique et contemporain. Souvent invité à danser dans des compagnies étrangères, le danseur se met aussi à chorégraphier des ballets et fonde un groupe, « Les Solistes du Capitole ».

Lorsqu’on interroge Luca Masala sur ce qu'il préfère dans son métier de danseur, un souvenir lui revient : « C’était un soir à Munich après avoir dansé Armand dans La Dame aux camélias, un homme est venu me parler pour me remercier. Il m’a dit que c’était la septième fois qu’il voyait le spectacle et que c’était les seuls moments où il avait l’impression de vivre depuis la mort de son épouse. » Pour le danseur, cette anecdote est significative : « Ce qui est beau dans la danse, c’est ce partage. On crée une énergie avec notre corps, elle sort de nous et entre dans le corps des spectateurs. »

 

Directeur d’école

 

L’année 2009 représente un tournant dans la vie de Luca Masala. Un retour aux sources puisqu'il est nommé Directeur de l'Académie Princesse Grace à Monaco. « Quand Jean-Christophe Maillot m’a demandé de venir, j’ai compris le potentiel qu’avait cette école : la Princesse Caroline connaît très bien la danse et son objectif n’est pas de recruter une masse d’élèves coûte que coûte, mais de sélectionner des jeunes danseurs dans lesquels on croit. A ce jour, mes diplômés ont tous un travail ! »

Concrètement, comment obtient-on de tels résultats ? Luca Masala est impliqué à cent pour cent dans son rôle, et a réfléchi à l’enseignement en se remémorant sa propre expérience d’apprenti danseur : « A la Scala, c’était très militaire. A New York, c’était au contraire très cool. Avec Marika à Monaco, c’était une famille, mais trop suffocante. Moi, je parle beaucoup avec mes élèves. Je bannis tout abus de pouvoir, j’explique, et j’admets que je peux me tromper. Je recherche l’équilibre, pas la terreur. La liberté, mais dans le respect et dans la responsabilité vis-à-vis des professeurs. »

Luca Masala admet facilement être un « workaholic » en se donnant du matin au soir pour cette école et son métier de « passeur » qui le passionne : « Je vis pour ce métier. Ma compagne, la danseuse des Ballets de Monte-Carlo Gaëlle Riou, me freine heureusement un peu ! » Et lorsqu’on demande à Luca Masala quels sont ses rêves pour l’avenir, il répond avec la vivacité qui le caractérise : « Dès l’âge de 23 ans, je savais que je serai un jour directeur de compagnie ! Mais ma mission de directeur d’école n’est pas encore accomplie. C’est fabuleux ce que je vis ici ! »

 

(Clara Laurent, juin 2015. D. R.)

 

 

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