ELISABETH BRÉAUD, DIRECTRICE DES RENCONTRES INTERNATIONALES MONACO ET LA MÉDITERRANÉE

D.R.

Les 21 et 22 mars prochains auront lieu au Musée océanographique de Monaco la septième édition des RIMM, Rencontres Internationales Monaco et la Méditerranée. Conceptrice et organisatrice de ces fructueux colloques transdisciplinaires crées en 2001, Elisabeth Bréaud a voué sa vie à la diffusion de la connaissance des arts. Portrait d’une femme de culture.

 

C’est dans un bureau rempli de livres, de revues et de reproductions de tableaux que nous accueille Elisabeth Bréaud, qui vient de mettre la dernière main au planning des RIMM : « Cette année, nous recevons notamment le grand Yves Coppens, mais aussi le Prix Nobel Jean Jouzel, spécialiste du réchauffement climatique… Et nous serons honorés de la visite de Mme Irina Bokova, la directrice générale de L’UNESCO, c’est sa première visite à Monaco ! »

C’est un des talents d’Elisabeth Bréaud que de savoir réunir des personnalités aussi passionnantes, grâce à un long parcours professionnel émaillé de rencontres marquantes. Le goût pour le savoir et la culture remonte à l’enfance, grâce à des parents très cultivés, qui notamment emmenaient leurs enfants pendant les vacances visiter les musées. « Je suis née à Monaco, précise la directrice des RIMM, mon père chirurgien s’étant installé ici avant la Seconde guerre mondiale. » Ce n’est pas sans émotion qu’Elisabeth Bréaud évoque le souvenir d’un père courageux qui a pris des risques pendant la guerre pour venir en aide aux malades, dont de nombreux Juifs qu’il gardait à l’hôpital. Or, ce père recevait des publicités pharmaceutiques, qui a l’époque contenaient des reproductions de tableaux, et les offrait à sa fille. « Je mettais au mur de ma chambre ces reproductions d’œuvres d’art. C’est certainement ces reproductions de tableaux et de dessins qui m’ont donné envie plus tard de me spécialiser dans l’illustration des livres d’art ! »

 

Expositions et inventaires…

 

Le bac en poche, Elisabeth Bréaud s’inscrit à l’Ecole nationale d’Edition et à la célèbre Ecole du Louvre à Paris, sur les conseils de sa sœur aînée : « L’enseignement m’a enthousiasmée, j’ai eu des professeurs remarquables, des sommités dans tous les domaines de l’art dont l’archéologie et la peinture… » C’est finalement vers les manuscrits carolingiens que la jeune étudiante se dirige, achevant une formation de conservateur de musée. La jeune femme épouse bientôt un architecte suisse : « Mon mari a eu une proposition pour travailler à Monaco et nous nous sommes installés en Principauté. » Il n’est alors pas question de demeurer inactive mais à l’époque le Musée des Beaux-Arts est fermé : « J’ai alors contacté le conservateur du Musée des automates et poupées, M. Gabriel Ollivier, qui m’a proposé de réaliser avec lui une exposition au Sporting d’hiver sur les Trésors du Musée de l’or de Bogota. » La jeune femme lui avoue qu’elle n’a jamais étudié l’art précolombien, mais qu’à cela ne tienne ! le Conservateur lui donne six mois. « J’ai eu l’honneur de présenter cette exposition au Prince Rainier et à la Princesse Grace », se souvient Elisabeth Bréaud, qui est alors frappée par la grand qualité d’écoute de la princesse. D’autres expositions suivront, dont une sur Raoul Dufy.

 

À cette époque Elisabeth Bréaud présente également pour la télévision monégasque (TMC) une série d’émissions pédagogiques pour les enfants : « Je présentais chaque fois un automate différent de la Collection de Galea (musée des poupées) et je reconstituais le contexte artistique — par exemple un automate violoniste m’amenait à parler de Mozart et de la musique du 18e siècle… » L’émission est sponsorisée par les poupées Barbie, que les jeunes téléspectateurs peuvent gagner en répondant juste aux questions posées !

« Et puis j’ai eu envie de retravailler en France pour la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites. » L’historienne est alors chargée des recherches concernant l’Inventaire général des monuments historiques, consécutif à la fameuse loi Malraux de 1964. « Il fallait répertorier et recenser dans la région de Nice les peintures dans les églises, les objets d’art… C’était une énorme tâche. » Ce qui n’empêche pas Elisabeth Bréaud de donner aussi des conférences au Palais Lascaris, ou d’enseigner à l’Ecole nationale des antiquaires.

 

Enseigner…

 

Elisabeth Bréaud va devoir ralentir ses activités avec l’arrivée de ses enfants. "Je voulais toutefois travailler à mi-temps, et c’est le secrétaire particulier de la princesse Grace qui m’a soufflé une idée : téléphoner à Marika Besobrasova ! » La directrice de l’école de danse de Monaco qui vient d’ouvrir lui confie l’enseignement de l’Histoire de l’art aux élèves. Cette expérience fut très stimulante pour Elisabeth Bréaud, qui des années plus tard continua à recevoir régulièrement des cartes postales d’œuvres d’art du monde entier, envoyées par ses anciens élèves reconnaissants pour cette culture artistique qu’elle avait su leur communiquer avec enthousiasme. En 1984, l’inlassable historienne sera nommée Présidente des Amis des Ballets, association qui aide notamment les danseurs dans leur reconversion… « Puis, je me suis dit : pourquoi ne pas transmettre aussi aux adultes ? se remémore Elisabeth Bréaud. J’ai alors créé en 1986 l’Association Monégasque pour la Connaissance des Arts. » Des thématiques renouvelées chaque année, des conférenciers de renom : à l’époque, rien de tel n’existe en Principauté. Le public se presse, nombreux.

 

Les RIMM

 

Elisabeth Bréaud aurait pu se contenter de ces riches activités, mais sa soif d’entreprendre est plus forte : « J’avais envie d’organiser à Monaco des colloques scientifiques de haut niveau sur la protection du patrimoine culturel et naturel de la Méditerranée.» Elle contacte le conservateur de la Villa Kérylos, le grand égyptologue Jean Leclant, membre de l’Institut qui l’aide à monter le premier RIMM en 2001. Le prince Rainier soutient l’initiative, lui qui est préoccupé par la Méditerranée et son évolution, tout comme le prince Albert aujourd’hui qui honore de Sa Présence cet événement qui a lieu au Musée océanographique tous les deux ans en mars.

Ces colloques ont quelque chose de pionnier dans leur façon de confronter sciences dures, humanités et politiques. Des intervenants des deux rives de la Méditerranée se rencontrent, échangent, enrichissent leurs points de vue de ces contacts transdisciplinaires. « La session de 2011 fut particulièrement forte, se souvient Elisabeth Bréaud, avec le printemps arabe qui motivait beaucoup d’espoir chez nos amis de l’autre côté de la Méditerranée… » Cette année, le thème du feu permettra d’aborder des questions aussi bien philosophiques, religieuses qu’écologiques, économiques et politiques. La fondatrice des RIMM se réjouit que les éditions du Rocher publient en mars une sélection des meilleures conférences des colloques depuis 2003.

 

Quand on interroge cette femme passionnée sur ses nouvelles envies et ses espoirs, elle qui a déjà tant accompli, Elisabeth Bréaud répond modestement, comme toujours : « J’aimerais que l’on dise : elle a fait un bon travail » 

 

(Clara Laurent - Paru dans La Gazette de Monaco, mars 2013 - Droits réservés)

 

 

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