Maryline Desbiolles : écrivaine lumineuse

Maryline Desbiolles (D.R.)

 

Le 20 janvier, la médiathèque de Monaco reçoit l'écrivaine  Maryline Desbiolles. Elle y présentera son dernier livre, Le Beau temps, roman qui ressuscite un compositeur de musique mort en 1940 : Maurice Jaubert. Portrait.

 

Prix Femina 1999 pour son roman Anchise, Maryline Desbiolles fait partie des auteurs français qui comptent sur la scène littéraire contemporaine. Pourtant, l’écrivaine n’a pas choisi de « monter à Paris » avec l’arrivée du succès, mais de rester vivre dans cette région du Midi de la France qui l’inspire.

 

Une enfance exaltée

 

Maryline Desbiolles a grandi dans l’arrière-pays niçois jusqu’à l’âge de 14 ans : « J’étais une enfant exaltée et j’ai eu la chance d’avoir un instituteur à Levens, communiste, qui nous éveillait à la grande musique, qui nous encourageait à écrire des poèmes… Je l’adorais ! » Puis la famille déménage à Cannes, où les parents tiennent une station service : « Au lycée Carnot, je suis tombée dans la mathématique moderne, la théorie des ensembles, ça a beaucoup compté dans ma formation. Ce n’est pas étranger à mon culte pour l’œuvre littéraire de Claude Simon… » Cannes offre aussi à la jeune Maryline ses salles de cinéma d’art et d’essai comme la MJC Picot. La mère de l’adolescente rapportait alors beaucoup de livres à la maison : « Un peu n’importe quoi ! Mais ça m’a donné du goût pour les livres. J’en lisais certains auxquels je ne comprenais rien, mais ça ne fait rien. Aujourd’hui, quand je me rends dans des lycées, je constate que les adolescents veulent tout comprendre. Moi, je ne prétends pas dominer mes sujets… »

 

Le choix de la littérature

 

Etudiante, Maryline Desbiolles fréquente assidûment la Fondation Maeght : « J’y ai appris l’art moderne ». Elle fait khâgnes au Lycée Masséna de Nice, puis un mémoire de DEA sur les rapports entre peinture et écriture. Mais l’étudiante finit par prendre conscience que la voie universitaire n’est pas pour elle : « J’avais besoin d’écrire sans filet ». Elle publie alors des poèmes dans des revues, et pour gagner sa vie, rédige des articles pour un hebdomadaire monégasque, Monte-Carlo Côte d’Azur. Cette époque de la vie de Maryline Desbiolles est marquée par un foisonnement d’activités, dont la fondation de plusieurs revues, comme La Mêtis. L’auteur ose un jour envoyer un texte à l’éditeur mythique des Editions de Minuit: « Il m’a répondu de venir le voir à Paris. J’étais très impressionnée…» Jérôme Lindon se montre alors élogieux. Pourtant, l’auteur devra attendre plusieurs années avant de connaître une véritable reconnaissance : « J’ai envoyé La Seiche à un grand nombre d’éditeurs : refus partout. Je voulais alors arrêter d’écrire. » Heureusement, un ami conseille à l’écrivaine d’envoyer La Seiche au Seuil : « Denis Roche l’a tout de suite accepté. Il est devenu aussi un véritable ami. » Le livre rencontre la critique et obtient un joli succès.

 

Ecrire la biographie d’un inconnu

 

S’ensuit le Femina pour Anchise : « Les prix littéraires permettent de toucher des nouveaux lecteurs. Ils me disent souvent : au début, je ne comprenais rien, mais finalement, j’ai aimé ! » Depuis, Maryline Desbiolles poursuit son œuvre, déployant de textes en textes une prose lyrique et sensible, avec des livres tels que Le Petit col des loups, Manger avec Piero, ou Une femme drôle. L’auteur ne dédaigne pas non plus l’édition jeunesse. Partageant la vie du plasticien Bernard Pagès dans l’arrière-pays niçois, elle continue à beaucoup écrire sur les arts visuels, propose aussi des fictions radiophoniques à Radio France : « La voix, si j’ose dire, c’est mon dada ! ». Avec son dernier roman sur Maurice Jaubert paru à l’automne 2015, Maryline Desbiolles vient d’accomplir un vieux rêve : « Ecrire la biographie d’un inconnu ! » Mais aussi écrire sur Nice : « Une ville injustement méconnue, maltraitée, alors qu’elle recèle un riche passé culturel. » Une lumineuse ambition.

 

Clara Laurent, La Gazette de Monaco (Janvier 2015. Droits Réservés)

Maurice Jaubert

Une lettre d’amour à Maurice Jaubert : Le Beau temps

(Seuil, coll. « Fiction et Cie », 2015)

 

« Lorsque je me suis rendue dans ce lycée de l’Ariane portant le nom de Maurice Jaubert, je ne savais rien sur ce compositeur. Je l’ai découvert chemin faisant, comme le fait à son tour le lecteur de mon livre ». Ce livre est donc bien un roman, publié d’ailleurs dans la collection du Seuil « Fiction et Cie », et non un ouvrage biographique au sens traditionnel du terme. Maryline Desbiolles y exprime les diverses émotions éprouvées au gré de ses enquêtes sur le musicien, né en 1900 et tragiquement disparu sur le front de la Seconde guerre mondiale en 1940. Un musicien dont les cinéphiles amoureux du cinéma français des années trente ont entendu les partitions dans les films cultes de Jean Vigo (Zéro de conduite, L’Atalante), mais aussi dans ceux de Marcel Carné (Drôle drame, Quai des brumes, Le Jour se lève…), sans oublier les films de René Clair, de Julien Duvivier, et le premier long-métrage de Jean Renoir, ami d’enfance de Maurice Jaubert, Nana (1926).

Si Maurice Jaubert fut ami avec le fils du peintre Auguste Renoir, c’est que sa propre famille installée à Nice fréquentait celle du peintre impressionniste, séjournant alors à Cagnes-sur-mer… « J’ai aimé me plonger dans la riche vie intellectuelle et artistique de la Côte d’azur de ce début de XXe siècle en rédigeant ce livre », explique Maryline Desbiolles. Une époque que l’écrivaine restitue avec passion et précision dans ce roman, menant le lecteur pas à pas sur les traces d’un compositeur que d’aucuns considèrent comme l’inventeur de la musique de films.

François Truffaut avait en son temps déjà su s’intéresser à l’œuvre de Maurice Jaubert, choisissant sa musique pour quatre de ses films, dont L’Homme qui aimait les femmes et La Chambre verte. Truffaut avait exhumé cette œuvre musicale comme si elle était sa contemporaine, tout comme Maryline Desbiolles qui aime à dire : « Maurice Jaubert et moi sommes contemporains, con-temporains par le beau temps que nous partageons, ce temps lumineux de la Côte d’Azur… ».

Clara Laurent, Droits réservés

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